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La vie et ses soupirs

"On ira fêter ça"

Synopsis

Julien, Matthieu, Sarah, Anne, Antoine, Paul, Simon et Olivia sont amis depuis le lycée. Ensemble, ils ont connu les doutes, les pleurs, les chagrins d’amour et les joies de l’amitié. Ils forment un ensemble qui au fur et à mesure s’est consolidé mais aussi effrité. Tout comme l’amour, l’amitié a ses mystères. Malgré les aléas du temps et de l’espace, ils sont inséparables. « Si demain tu es dans la merde, je serai le premier à venir ! ». Cette phrase est répétée sans cesse par chacun d’entre eux. Et bien aujourd’hui, l’un d’entre eux est dans la merde. Paul, le "bon pote" de la bande a besoin de tous ses amis. C’est un jour important, celui de son enterrement. En cette journée, il espère qu’ils seront tous là, même ceux qui habitent à l’autre bout du monde. Il espère surtout qu’ils auront le comportement et le mot juste. Il en est tout autre.

 

Scène 1 

Jour, sous un soleil de plomb, Julien habillé de noir, les lunettes de soleil sur le nez, craque une cigarette. Il regarde sa montre et tape du pied. Les autres membres de la bande et lui avaient convenu d’être présents au funérarium une demi-heure avant le début de la cérémonie. A ce moment-là, une voiture déboule avec la musique à fond. La voiture se gare rapidement mais la musique elle ne s’arrête pas. Agacé, Julien marche rapidement vers le conducteur.

Julien : Tu es sérieux ! Tu n’as donc aucune tenue.

Antoine regarde Julien en refermant la fenêtre côté conducteur. Il ouvre la porte.

Antoine : Toujours aussi rigide à ce que je vois. Il y a décidément des choses qui ne changent pas.

Julien : Je ne suis pas rigide mais respectueux. Regardes-toi un peu. Tu penses que l’on va se faire un barbecue ou quoi.

Antoine : Et pourquoi pas ?

Les deux hommes s’avancent vers l’entrée du funérarium. A l’intérieur, la famille se serre dans le hall. Les portes de la salle de cérémonie vont bientôt s’ouvrir. A travers la foule, une femme menue se fait un chemin pour rejoindre les garçons. Ils se regardent tous les trois un instant. Olivia n’avait pas vu Antoine depuis plus d’un an. Elle ne peut s’empêcher de le regarder de la tête aux pieds.

Olivia : Apparemment ton salaire ne te suffit pas pour acheter un smoking. A moins que tu préfères dépenser ton argent dans les soirées ou les putes.

Julien : Je t’en supplie Olivia…

Antoine : Laisse-la lâcher son venin, tu veux. Je me dis qu’une fois qu’elle aurait tout dit, elle me laissera tranquille.

Olivia : Malheureusement pour toi, j’ai de quoi te taquiner pendant des années durant. Sais-tu pourquoi ? Parce qu’à chaque fois que je te vois j’apprends des nouvelles choses qui me donne de la matière.

Julien : Ça suffit ! Tu as des nouvelles de Matthieu et Anne ?

Olivia : Ils sont en route.

Antoine : Seigneur, ils sont encore ensemble ? Quel gâchis ! Anne n’a rien à faire avec ce pauvre type.

Olivia : Ce pauvre type t’a trouvé un boulot je te rappelle.

Antoine : Il est certain que je ne pourrai jamais assez le remercier. Mais franchement, je suis sûr qu’Anne n’est pas du tout satisfaite avec lui. Une femme pareille mérite un amant de compète.

Julien : Je ne pense pas que ce soit le bon moment pour discuter de tes hautes performances sexuelles.

Antoine : Dommage, j’aurai fait rougir plus d’une mamie.

Derrière eux, les personnes s’engouffrent dans la salle. Olivia, soupire avant de se retourner vers les garçons.

Olivia : Ils ne sont jamais à l’heure ceux-là. Bon j’y vais.

Les hommes haussent les épaules et suivent la jeune femme.

Les portes de la salle se referment sur eux alors que la musique commence à s’élever.

Scène 2 

Jour, intérieure, les amis et la famille de Paul entrent dans une petite salle de convivialité. On commence à distribuer du café et des jus de fruits. Anne et Sarah entrent dans la pièce.

Anne : C’était une très belle cérémonie dit-elle en essuyant ses yeux.

Sarah : Ah oui ? Oh j’ai trouvé cela quelconque et sans originalité.

Anne : Choquée Et tu t’entendais à quoi ? C’est un enterrement pas une bar-mitsva. Je trouve que cela ressemblait bien à la personnalité de Paul.

Sarah : Ça c’est bien vrai ! Fade, plat et déprimant.

Anne : Sarah ! Bon toujours pas de nouvelles de Simon ?

Sarah : Pourquoi je devrai avoir de nouvelles dit-elle en fronçant les sourcils.

Anne : Bien parce qu’il devait être là. Je pensais que tu le savais. Il se débrouillait pour prendre le premier avion et être là pour la cérémonie. Apparemment, c’est raté.

 Sarah : Je…Je l’ignorais. Personne ne me l’avait dit.

Julien : Anne ? Tu veux quelque chose ?

Anne : Je vais prendre un café sans sucre s’il te plaît.

Sarah : Et moi je me brosse ? Qu’est-ce qu’ils font les gars ?

Julien : Apparemment, Antoine a fait de la merde au boulot et s’est revenu aux oreilles de Matthieu. Je crois qu’ils règlent leurs comptes.

Scène 3

Matthieu : Tu comprends je ne peux pas sauver sans cesse tes miches.

Antoine : Il faut bien que tu serves à quelque chose.

Matthieu : Rire forcé Pas mal ! Non sérieux, je veux bien gérer le problème engendré par ta mauvaise manip mais c’est la dernière fois.

Antoine : Comment ça ? J’ai expliqué que c’était la première fois que cela arrivait.

Matthieu : Ouais mais il y a deux semaines c’était sur autre chose. Tu comprends bien que tes erreurs ont forcément un impact sur moi aussi. Je t’ai fait rentrer dans l’entreprise parce que tu es mon ami.

Antoine : Hé je ne t’ai jamais rien demandé.

Matthieu : Ouais mais comme tu me demandais toujours de te dépanner financièrement je me suis dit que…

Antoine : Je t’ai toujours dit que je te rembourserai jusqu’au dernier centime.

Matthieu : Justement. Ce job est censé te permettre de me rembourser mais depuis six mois tu ne m’as pas donné le moindre euro. Tu m’as même demandé de payer le restaurant quand on s’est vus il y a deux mois parce que tu n’avais pas assez sur ton compte.

Antoine : Tu peux quand même me laisser le temps de me refaire.

Matthieu : N’en parlons plus.

Antoine : Ah tiens ! Tu pourrais me pistonner pour avoir une augmentation ?

Scène 4

Anne, Sarah et Julien sont assis autour d’une table, un café à la main. Sarah pianote nerveusement sur son téléphone.

Sarah : Mais il vous a dit cela quand ?

Anne : Hier matin. Nous n’avons pas eu de nouvelles depuis. Je pense qu’il ne peut pas nous joindre sinon il aurait envoyé un message.

Julien : Franchement je ne suis pas étonné du tout. Simon a toujours pensé qu’à lui. En plus, il n’était pas si proche de Paul. Qu’il soit là ou non ne change rien.

Anne : Tu ne penses pas ce que tu dis. Simon est bienveillant avec tout le monde. On a toujours pu compter sur lui. N’est-ce pas Sarah ?

Sarah : Hein ? Oui c’est vrai. Il ne vous a même pas dit à quelle heure il avait un avion ?

Anne : Mais non enfin ! Qu’est-ce que tu as ? Tu es stressée ou quoi ?

Sarah : Pas du tout. Je m’inquiète c’est tout. Ce n’est pas normal qu’il n’appelle pas.

Julien : Je suis persuadé qu’il est en train de siroter tranquillement un mojito sur une des plages de Saint Barth.

Anne : Où est Olivia ? Je l’ai aperçu en sortant de la salle de cérémonie. Elle n’est même pas venue nous voir.

Julien : Je ne sais pas. Je l’ai vu aller aux toilettes mais il y a déjà un quart d’heure, facile.

Sarah : Tu craches sur le dos de Simon mais celle qui aimait le moins Paul c’est bien Olivia.

Anne : Elle n’aime personne de toute façon. Elle passe son temps à casser tout le monde. Je ne serai pas étonnée qu’elle soit partie.

Julien : Mais pas du tout ! Vous n’avez jamais aimé sa personnalité. C’est une femme de caractère. Les gens n’aiment pas.

Sarah : Toi en revanche tu as l’air de beaucoup être attaché à elle.

Anne : Oui. Dans mes souvenirs tu t’es pris un râteau monumental au lycée. Le béguin est –il toujours d’actualité ?

Julien : Arrêtez vos conneries ! C’est juste une bonne amie.

Anne : Oui et nous nous sommes de simples connaissances.

Sarah : On dirait. Je vais aller la chercher.

Scène 5

Olivia se regarde dans le miroir. Elle essaie d’enlever le noir qui se trouvait sous ses yeux. Il ne faut pas que les autres voient sa peine, surtout Julien. Alors qu’elle passe un mouchoir sous l’eau, Sarah entre en trombe dans les toilettes.

Sarah : Olivia ! Je suis tellement contente de te voir. J’aurais aimé que cela soit dans d’autres circonstances mais…

Sarah s’arrête et regarde doucement la jeune femme. Elle la prend alors dans ses bras.

Sarah : Nous sommes tous très tristes d’avoir perdu Paul.

Olivia : Je ne vois pas de quoi te parle. Cela faisait des années que l’on ne s’était pas vues.

Sarah : Ah oui ? Nous étions persuadés que Paul, Julien et toi faisiez encore les quatre cents coups ensemble.

Olivia : Pas du tout ! Excuse-moi mais j’aimerai aller boire un verre.

Scène 6

Tous se retrouvent autour d’une même table. Les discussions autour vont bon train mais eux restent bizarrement silencieux. Antoine et Olivia tournent au vin. Sarah pousse un profond soupir.

Sarah : Je vais tenter de l’appeler.

Matthieu : Il faut se faire une raison. IL ne viendra pas.

Sarah : Et bien je veux en être sûre.

Sarah se lève rapidement. Derrière elle, la mère de Paul serre dans ses bras un grand jeune homme, bien habillé et rasé de près.

« Ah Simon ! Je suis contente que tu es pu venir. »

Sarah s’arrête alors nette. Paralysé par le regard que lui lance cet homme. Simon approche alors doucement en souriant. IL prend Sarah dans ses bras. Les autres autour de la table se lèvent pour dire bonjour. Simon lâche Sarah pour embrasser ses autres amis.

Matthieu : Pourquoi tu ne nous as pas prévenu de ton arrivée ?

Simon : Parce que je n’ai plus de batterie et que je n’ai pas eu l’occasion de recharger mon téléphone. J’ai tout juste eu le temps de me faire une toilette dans la voiture avant de venir.

Julien : Oui tu as raison. C’était bien plus important que d’être présent à la cérémonie.

Simon : Je suis arrivé il y a dix minutes. La cérémonie était fini depuis longtemps. J’aurai dû arriver à temps mais nous sommes restés bloqués une heure dans l’avion à l’atterrissage.

Anne : Quand repars-tu ?

Simon : Je reste jusqu’à mercredi prochain. C’est l’occasion de venir voir ma famille.

Julien : Dommage qu’il est fallu que l’un de tes meilleurs amis meurt pour que tu en aies l’occasion.

Olivia : Mais Simon est toujours le premier à profiter de chaque situation.

Simon : Cela fait combien de temps que l’on ne s’est pas vu ? Presque deux ans. Et les seules choses que vous avez à me dire ce sont des reproches ?

Olivia : Des reproches ? Il n’y a que toi qu’y en voit dans ce que l’on te dit.

Antoine : La vache ! C’est tendu ici non ? Je sais que les enterrements sont loin d’être joyeux mais quand même.

Anne : La ferme Antoine !

Antoine : Excuse-moi ma belle. Je ne voulais pas offenser tes oreilles.

Olivia : Ta connerie offense les oreilles de tout le monde.

Antoine : C’est ma fête aujourd’hui ? Tu comptes m’insulter peut-être bientôt.

Olivia : Là aussi j’aurai de quoi faire. Sexiste, débile, connard, profiteur…

Antoine : Pour qui tu te prends ? Tu te crois au-dessus des autres ? Je t’interdis de me parler comme cela. Et qu’est-ce que tu fais là d’abord ? Tu n’étais plus ami avec Paul depuis la fin de la faculté. Tu es venu exprès pour nous chambrer , c’est ça ?

Olivia : Tu ne sais rien de ma relation avec Paul !

Antoine : Bien évidemment ! Tu ne nous parles pas. Cela fait bien longtemps que tu ne fais plus partie de nos amis.

Anne : Ne l’écoute pas Olivia. Ce n’est pas vrai.

Olivia : Ah oui ? Alors pourquoi tu ne m’as jamais appelé ? Je sais que vous sortez régulièrement tous ensemble. Vous vous organisez même des week-ends. Vous ne m’avez jamais proposé.

Sarah : Nous habitons loin des uns des autres alors…

Olivia : Et alors quoi ? Cela vous donne une excuse. En fait la seule personne sincère dans cette « bande » n’est plus parmi nous aujourd’hui.

Sarah : Je ne crois pas que « sincère » soit le meilleur qualificatif pour désigner Paul.

Olivia : Je t’interdis de dire cela. L’adjectif qui te qualifie le mieux c’est quoi ? Pute écervelée ?

Scène 7

Sarah se lève alors de sa chaise et Olivia, ayant un peu trop bu retombe aussi tôt sur la sienne. Sarah commence alors à faire le tour de la table. Matthieu et Simon l’arrêtent à temps avant qu’elle commette l’irréparable. Anne commence alors à « gronder » Olivia comme si elle venait de dire un gros mot en public. Simon emmène Sarah dehors pour que cette dernière se calme.

Simon : J’espérai bien que cette fougue soit encore intacte malgré les années.

Sarah fait les cent pas et lance un regard noir à Simon alors que ce dernier allume une cigarette.

Sarah : Qu’est-ce qui lui prend ? Je n’ai dit que la vérité. Paul était connu de nous tous comme un égocentrique et un narcissique. Il avait toujours le dernier mot. S’en était vraiment gonflant.

Simon : Ce n’était peut-être pas le bon moment pour lui manquer de respect.

Sarah : Pardon ? Qu’est-ce qu’elle vient de faire elle ? Ce n’est pas la première fois que je suis à deux doigts de lui mettre mon poing dans la figure.

Simon : Elle est bourrée. Bon je sais qu’elle est toujours comme ça… Tu lui auras vraiment mis une droite ?

Sarah : Tu sais bien que oui.

Simon sourit et regarde Sarah droit dans les yeux.

Simon : Tu m’as manqué tu sais. Je pense beaucoup à toi quand je me couche le soir.

Sarah : Tu penses à moi ou à mon corps ? Non, parce que ce n’est pas pareil quand même.

Simon : A ton corps quand je me couche et à toi quand je me lève. Tu sais que ma proposition tient toujours.

Sarah : Il est hors de question que je vienne avec toi à Saint-Barthélémy. Tu es beaucoup trop émotionnel.

Simon : Tu préfères passer du bon temps quand je rentre en France et te jeter dans les bras d’un autre quand je repars ? La dernière fois tu étais en couple. Quand est-il maintenant ?

Sarah : Non. Trop ennuyant.

Simon : Je ne suis pas d’accord avec Olivia. Tu n’es pas une pute écervelée. Peut-être juste une pute.

Simon n’a pas le temps d’éviter la paume de main qui s’abat sur son visage à pleine vitesse. Le claquement est tellement fort que les personnes dehors et dans le bâtiment se retournent dans un retentissent « Oh ! ». Après quelques secondes de souffrance, Simon se retourne vers Sarah et rigole. Cette dernière part en furie vers la route.

Scène 8

Le reste de la « bande » sort également du funérarium, Olivia callée entre Matthieu et Julien. Anne cherche Sarah du regard.

Simon : Elle est partie à pied.

Anne : Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Simon : On dit qu’il n’y a que la vérité qui blesse dit-il en haussant les épaules.

Anne : Mais qu’est-ce que vous avez tous aujourd’hui ? Vous n’avez pas honte le jour de l’enterrement de l’un de nos amis.

Antoine : Mais qu’est-ce qu’il en a à foutre ? Il est tranquillement callé entre quatre planches maintenant.

Une femme d’un certain âge se mit à pleurer en entendant cela. Tous les autres de la bande soupirent tant dit qu’Antoine s’approche de la femme.

Tous : Antoine !

Le jeune homme s’arrête alors et s’approche de Simon.

Matthieu : Nous ramenons Olivia.

Julien : Ce n’est pas un peu dangereux avec Sarah ?

Simon : Je pense qu’elle a jeté sa colère sur une autre personne. Ca devrait le faire.

Anne : Ok. Bon merci d’être venu Simon. Julien, on se voit dans quelques semaines.

Antoine : Attendez, vous ne restez pas pour le barbecue ? Et Matthieu tu penses à mon augmentation ! On ira fêter ça.

Anne lève la main pour dire au revoir et file avec Matthieu et Olivia.

Simon : Le barbecue ?

Antoine : Ouais ça te tente ?

Simon : Euh non. Je vais rentrer chez mes parents.

Julien : Vraiment ? Ça fait longtemps que l’on ne s'est pas vu. On peut peut-être se voir d’ici mercredi.

Simon : Je ne pense pas. Je vais en profiter un maximum avec ma famille. Salut.

Simon part à son tour vers sa voiture. Cette dernière sort du parking peu de temps après.

Antoine : Il était vraiment bizarre cet enterrement. Pauvre Paul, il doit se retourner dans sa tombe. Ou alors il est mort de rire.

Julien : Ce n’était pas son genre.

Antoine : Je n’ai vraiment pas compris le comportement d’Olivia.

Julien : Paul et elle étaient ensemble depuis des années mais ils le cachaient à tout le monde. Paul me l’avait dit. Ils étaient sur le point d’acheter une maison ensemble.

Antoine pose une main sur l’épaule de son ami.

Antoine : Comment ça va toi ?

Julien : Tu ne vas pas t’y mettre non plus ! Bon on se le fait ce barbecue ?

Antoine : Et comment ? J’ai une faim de loup. Par contre je te préviens, j’ai plus une tune.

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